Syndicat National des Radios Libres
Audiovisuel & Technologies

Extension du domaine de la Radio Numérique Terrestre


Vendredi 30 Septembre 2016 - 10:06

En France, le succès des appels à candidatures sur de nouvelles zones montrent l'intérêt des radios pour ce mode de diffusion par voie hertzienne, qui permet de conserver le caractère anonyme et gratuit de l'écoute de ce média. Toutefois, les réticences et les conservatismes font de la RNT un terrain de révolution permanente dans laquelle les jeux d'alliances sont parfois déroutants, et toujours passionnants. Le spectre de la DSO (Digital Switch Over) qui commence a s'agiter dans certains pays, hantent les nuits des éditeurs qui n'auront pas anticipés la révolution numérique.


L'émetteur RNT de la Coopérative de Radiodiffusion à Paris
L'émetteur RNT de la Coopérative de Radiodiffusion à Paris

L'Alliance pour le Numérique anticipe

Leur avenir sera relativement restreint : intégrer les bouquets internet proposés par les tycoons des télécoms, et disparaître... ou disparaître des ondes... Dommage. Avec l'Alliance pour le Numérique, qui regroupe le SIRTI et le SNRL et de nombreux éditeurs : on préfère anticiper.
     
En France, les principales villes concernées par le nouveau déploiement de la RNT sont des métropoles régionales (Lille, Lyon, Strasbourg) mais aussi dans la région Grand Est (Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine) : Colmar, Haguenau, Mulhouse, Sélestat ; dans la région Auvergne-Rhône-Alpes : Bourg-en-Bresse, Bourgoin-Jallieu, Vienne, Villefranche -sur-Saône, Tarare ; dans la région Bourgogne-Franche-Comté : Mâcon ; dans la région Hauts-de-France (Nord-Pas de Calais-Picardie) : Arras, Béthune, Boulogne-sur-Mer, Calais, Cambrai, Douai, Lens, Maubeuge et Valenciennes.
 

Les pouillèmes de la discorde

Ainsi, en métropole, dès 2017, c'est plus de 30 % de la population qui sera couverte par la RNT avec les villes de Paris, Marseille et Nice, déjà pourvue. Dès lors, le nouveau gouvernement sera contraint de faire appliquer la Loi : a partir du seuil de 20 % (ce qui n'est pas atteint aujourd'hui à quelques pouillèmes près selon des statisticiens très sérieux aux ordres des grands groupes), les constructeurs et importateurs de récepteurs seront obligés d'intégrer une puce dans les récepteurs de radio. Mais nous verrons alors que de très sérieux personnages feront tout pour... modifier les règles du jeu !
 

Un vent frais venu d'ailleurs

Ailleurs, les gouvernements de l'UE travaillent ensemble pour accélérer le déploiement de la RNT (DAB/DAB+) en Europe, en renforçant les liens transfrontaliers pour développer un consensus européen sur l'avenir numérique de la radiodiffusion. Seule la France est a la traîne. La Norvège est le premier pays à avoir confirmé une date de « DSO » (2017); la Suisse se prépare à un « DSO » d'ici 5 ans.  (« Digital Switch-Over » c'est a dire la transition de la radiodiffusion vers le tout numérique). L’Allemagne, par la voix du Comité Culturel Fédéral recommande de ne plus vendre de postes récepteurs radio qui n’intégreraient pas le DAB+ après 2019.
La Slovénie lance officiellement la RNT en DAB+. La radio publique gère un multiplexe de 13 radios, couvre 73% de la population et 89% du réseau routier principal.
 

Le Prince et la RNT

Petit clin d'oeil : la Principauté de Monaco est couverte à... 100 % par la RNT depuis le 28 Avril 2014, le jour ou « Monte Carlo Radiodiffusion » a débuté un test de huit services diffusés en DAB+ sur les zones côtières de la France, de Menton à Cap d'Antibes en passant par Nice avec une excellente qualité deux mois avant le lancement de la Radio Numérique française à Nice.
Il est vrai que cela n'est pas très difficile : selon les accords dits « de Genève » de l'Union Internationale des Télécoms, les deux multiplexes monégasques couvrent aujourd'hui la Cote d'Azur en France et la Riviera en Italie ! Intégrité territoriale oblige, celle-ci est toujours favorable aux petits Etats puisque la souveraineté sur les ondes nationales permets  de « déborder » mécaniquement sur les Etats voisins. Il y a aujourd'hui près de 20 éditeurs sur une population de plus d'un millions d'habitants. A noter que l'Etat Monégasque accueille en RNT plusieurs éditeurs français dont une radio associative membre de l'AMARC

Las Vegas – 2016 - Peng Gao, directeur de l’Academy of Broadcasting Science à Las Vegas (dr)
Las Vegas – 2016 - Peng Gao, directeur de l’Academy of Broadcasting Science à Las Vegas (dr)

L'Asie avance, la Chine expérimente des chemins de traverses

Dans la région Asie-Pacifique, l'Australie continue de montrer la voie avec plus de 3,5 millions d’auditeurs en DAB+, dont toutes les radios communautaires. L’Indonésie a démarré la diffusion de services à Jakarta en avril 2016. Bizarrerie politique en Chine populaire : si Pékin et Shanghai sont couvertes en DAB+ sur la bande III, l'administration semble pousser à la numérisation de la Bande FM sous le principe de l'I-Boc, (permettant une diffusion en analogique et en numérique sur la bande FM), mais avec un standard  propre à la Chine : le CDR.  Ce standard serait bien supérieur en terme d'occupation du spectre que le DRM, selon les déclarations de Peng Gao, directeur de l’Academy of Broadcasting Science du State Council of Press, Publication, Radio, Film and Television of the People's Republic of China (SAPPRFT), l'administration qui gère les moyens d'information et le cinéma, dont la CCT la CNR et CRI, les trois chaines de radios.
 
      Toutefois, ce dispositif a des limites : une diffusion numérique, doublé en analogique nécessite une occupation du spectre de l'ordre de 800 kHz pour un seul service. Pour Emmanuel Boutterin, président de l'Amarc : « cela est difficilement compatible avec une diversité d'éditeurs, publics, communautaires et commerciaux, notamment sur un milieu urbanisé demandeur de diversité. En revanche, c'est une hypothèse de travail intéressante, tout comme le fait l'Inde avec le DRM+,  en milieu rural »
 
      Une solution qui n'est pas prioritaire pour le SNRL, mais qui reste une option étudiée par le syndicat (qui avait testé en 2006 à Paris sur son siège de la Tour Pleyel un puissant émetteur RNT de l'Université de Shanghai) pour les zones ou, dans le cadre du fameux DSO, les multiplexes ne pourraient pas être remplis, et donc amortis.
 
      Pour le SNRL, le DSO ne doit pas être la guillotine de la radio. La transition doit se faire sans heurts... la vraie question aujourd'hui est celle de l'occupation de la Bande III par les éditeurs de radiodiffusion afin de donner plus de diversité, de qualité et de services aux auditrices et aux auditeurs, sans pour autant remettre en cause brutalement les équilibres sur la Bande FM.