Syndicat National des Radios Libres
Social & Emploi

Le modèle vertueux des radios associatives


Les partenaires sociaux, syndicats d'employeurs et de salariés de la branche de la radiodiffusion ont produit un troisième « rapport de banche », basé sur les données 2013. Ce document est une photographie du paysage de la radiodiffusion privée en France métropolitaine (1). Il montre la prépondérance et la vitalité des radios associatives « de catégorie A » qui, en dépit de moyens limités, restent les plus nombreuses et cumulativement le plus important employeur privé de ce secteur d'activité, juste après le groupe Radio France. Ces radios sont aussi les plus vertueuses en ce qui concerne la formation professionnelle, l'égalité de genre ou l'emploi des personnes handicapées.


Un rapport de branche n'est pas un objet non identifié : c'est au contraire, selon le Vice-Président de l'APAR, Emmanuel Boutterin  « un OSPU, un objet social particulièrement utile, le  résultat de la mobilisation des partenaires sociaux de la branche professionnelle » c'est a dire les syndicats représentatifs de salariés et les organisations d'employeurs, tel le Syndicat National des Radios Libres. Ce travail, réalisé par un cabinet spécialisé, est financé par l'Association Patronale de la Radiodiffusion sur les fonds du paritarisme (2).  L'APAR, qui vient d'intégrer en son sein le SRN (Syndicat des Réseaux thématiques Nationaux) est aujourd'hui présidée par Olivier Ramond, le président du SIRTI (le Syndicat des radios commerciales indépendantes). La Vice-Présidence est assurée par Emmanuel Boutterin (SNRL). Les partenaires sociaux de la branche gèrent tous les dispositifs relatifs à la Convention Collective Nationale de la Radiodiffusion, ainsi que ceux relatifs à la Convention Collective des Journalistes concernant la radio, et les accords collectifs « interbranches » des neuf branches du spectacle vivant et enregistré, telle la formation professionnelle et la retraite des salariés.
 

Un outil d'observation des métiers de la radio

A la lecture du rapport de branche 2013 de la radio privée, il y a une donnée qui saute aux yeux et qu'il est bon de rappeler : le dynamisme radiophonique français se situe au niveau des plus petites structures indépendantes : sur 775 radios qui emploient au moins un salarié en France, 550 font partie de la catégorie A, (associatives non commerciales) et 180 de la catégorie B (indépendantes locales, commerciales). Soient 94 %  du nombre total de radios, contre 6 % seulement pour les grands réseaux de radios de catégorie C et D (réseaux à vocation nationale).
 
Cette vitalité est confirmée par le nombre et la répartition des emplois. Les radios associatives sont les plus gros employeurs de la branche avec 2050 salariés, hors contrats aidés. Les radios de catégorie B emploient quant à elles 1700 personnes et les radios de catégorie C et D, 1650.
 

Les grandes radios font un bon chiffres d'affaires... et emploient une minorité de salariés

Il est à noter que les radios de catégorie C et D représentent 61 % du chiffre d'affaires global de la branche alors qu'elles n'emploient que 30,5 % de ses salariés. A l'inverse, avec 11 % du chiffre d'affaires global, les radios associatives emploient 38 % des salariés de la branche !
 
Pour autant, il n'existe pas de différence notable de traitement des personnels - sauf au niveau de la direction et du management : les grilles de salaires minimum et de qualification s'applique à tous sans distinction, et on peut constater que les emplois sont pérennes aussi bien dans le secteur associatif que dans le secteur commercial : de quoi tordre le cou aux idées reçues !
 

Le modèle vertueux des radios de catégorie A ?

Selon plusieurs analystes, le modèle de fonctionnement des radios de catégorie A apparaît comme le plus vertueux sur de nombreux points. La répartition des emplois en fonction des postes éclaire ainsi un aspect spécifique des activités économiques en matière de radio : plus le chiffre d'affaires est grand, plus le nombre de postes commerciaux est grand, plus le nombre de postes en journalisme et à l'antenne est faible. Et inversement.
 
Ainsi, les postes commerciaux ne représentent que 2 % des emplois dans les radios associatives (contre 30 % en catégorie C et D) tandis que les postes d'antenne et de journalistes professionnels en représentent 71 % (contre 43 % dans les catégories C et D). On peut en déduire qu'une part significative de l'information de proximité est portée par les radios associatives. C'est sur ce constat essentiel que le SNRL a convaincu des centaines de parlementaires dans sa campagne du mois de juin.
 

Les radios associatives : vers une qualification professionnelle pour tous !

Le même type de ratio apparaît au niveau de la formation professionnelle. La part de la masse salariale consacrée à la formation est de 1,5 % pour les radios de catégorie A et de 0,6 pour les radios de catégories C et D. En 2013, 31 % des salariés des radios de catégorie A ont reçu une formation contre 24 % en catégorie B et 26 % dans les catégories C et D. Les analystes du SNRL pensent que la radiodiffusion associative sert l'ensemble de la branche, y compris sa partie commerciale et la radio publique, en ce sens que les qualifications acquises dans les radios de proximité essaiment vers des radios commerciales ou publiques dans le cadre d'une mobilité notamment chez les jeunes. Toutefois, Emmanuel Boutterin constate  « contrairement aux idées reçues, le réservoir d'emplois de qualité dans le secteur associatif est suffisamment important pour que les compétences acquises ici ne « glissent » pas mécaniquement de l'associatif au commercial » Elles sont également absorbées au travers de carrières d'excellence au sein des grosses radios associatives.
 
Plus vertueuses, les radios associatives le sont aussi en ce qui concerne les évolutions sociales de l'entreprise. La féminisation de la profession est encore un long chemin, mais les radios de catégorie A montrent là encore la voie. Tout comme dans le domaine de l'emploi des personnes handicapées : celles-ci représentent 4,5 % des effectifs des radios associatives contre 0,2 % dans les radios de catégorie C et D.
 

Pour gagner la bataille de l'emploi, il faut soutenir la radiodiffusion associative

Avec « seulement » 39 % du chiffre d'affaire global du secteur de la radio privée, les radios de catégories A et B représentent 94 % du nombre total des radios et 69,5 % des emplois. Les radios associatives de catégorie A ne cessent de prouver que dans ce secteur, l'intérêt général peut se conjuguer avec la pertinence économique. Créatrices d'emplois locaux, elles produisent de l'information et de nombreux programmes à destination de leurs auditeurs, elles exercent  également une fonction de « lien social » et notamment une mission essentielle d'éducation aux médias reconnue par le CLEMI (Ministère de l'Education Nationale) et récemment couronnée par la signature d'une Convention le SNRL et le Ministère de l'Education nationale.
Le rapport de branche est essentiel dans l'appréhension par la puissance publique du rôle des radios associatives. A l'heure de la mobilisation des parlementaires en faveur d'un Fonds de Soutien 2017 « à 32 millions » les dizaines de témoignages des sénateurs et des députés de tout l'arc politique qui arrivent au siège du syndicat à Saint-Denis montrent, que, de l'avis unanime, les radios associatives valorisent les activités économiques, culturelles et sociales sur leur territoire. Elles contribuent à  « l'exercice de la citoyenneté » y compris dans les moments les plus difficiles où le lien social risque de se déchirer. Mais n'oublions jamais qu'une radio ce n'est pas un logo ou de la musique sur les ondes : c'est une entreprise, une unité de production avec une équipe de salariés et de bénévoles...
Dans un monde en crise, il apparaît de manière empirique que l'attractivité des métiers de la radiodiffusion locale est renforcée. Les métiers des radios, ce sont des emplois considérés comme attractifs parce qu'ils passionnent jeunes et moins jeunes attachés à leur territoire. Ces emplois sont une boussole pour des milliers de personnes.   Les propositions du syndicat des radios associatives en faveur de la formation professionnelle, de la couverture santé mutualisée, de la prévoyance, du temps partiel libéré, et des salaires  minimum des personnels commencent à porter leurs fruits sur la qualité de la vie au travail. A tel point que les dirigeants et les personnels des trois grandes radios généralistes privées et le groupe Radio France regardent avec attention les évolutions des « accords collectifs de branche ».
 

La branche professionnelle de la radio : une grande famille de neuf mille salariés

Privée et publique, la radiodiffusion compte plus de neuf mille salariés, dont cinq mille cinq cents dans le privé, concernés par la Convention Collective de la Radio (3). A la rentrée, les dirigeants et présidents des radios privées – associatives et commerciales- vont être sollicités en vue d'un nouveau rapport de branche, piloté par l'APAR en collaboration avec le Groupe AUDIENS, qui va mesurer les effets des efforts de la branche en faveur des salariés auxquels le SNRL travaille depuis plusieurs années avec les autres partenaires sociaux. L'idée est d'aboutir, dans quelques années, à des indicateurs pertinents sur la qualité de la vie au travail dans les radios dans le respect des contraintes économiques des entreprises, qu'elles soient issues de l'économie sociale, telles les radios associatives, ou qu'elles soient commerciales. Il en va de l'avenir de notre branche dans un monde qui bouge, et donc de notre passion commune : la radio. Un média toujours « magique » aux oreilles des auditrices et des auditeurs.
Thierry Borde

(1)Le SNRL souhaite que les radios des collectivités d'outre-mer soient également auditées, dans la mesure ou les deux Conventions Collectives nationales (Radio Privée et Journalistes) s'appliquent et ou la législation issue de la Loi de 1986 est identique sur tous les territoires de la République.

(2)Il s'agit des 0,05 % de la masse salariale dont les radios s'acquittent auprès de l'AFDAS.

(3)Le Groupe Radio France, les radios publiques de l'Audiovisuel Extérieur, RTL, Nextradio et Europe sont régis par des « accords d'entreprises » dont certains aspects les rapprochent de la Convention Collective.
 
* Rapport de branche des radios privées, données 2013 – institut I+C, décembre 2014. Etude réalisée à partir de 342 questionnaires exploitables sur 775 radios










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