Syndicat National des Radios Libres
Culture & Territoires

Les radios pour la diversité et la prévention des discriminations dans les médias


Samedi 22 Janvier 2011 - 22:12

Emmanuel Boutterin, président du Syndicat National des Radios Libres a signé publiquement la « Charte de la diversité en entreprise », rejoint quelques semaines plus tard par quelques grands médias de l'audiovisuel public sous l'égide du Conseil Supérieur de l'Audiovisuel. Cela témoigne de l'engagement de l'organisation professionnelle des radios associatives en faveur de la diversité culturelle, ethnique et sociale, et de la prévention de toutes les discriminations au sein de ses radios adhérentes.


Patrice Berger, délégué national à la diversité et la prévention des discriminations
Patrice Berger, délégué national à la diversité et la prévention des discriminations
Selon Patrice Berger, Délégué National à la diversité et aux préventions des discriminations, il faut « favoriser le pluralisme, dans nos radios, au sein de nos équipes de salariés et de bénévoles. Il s'agit d'afficher notre volonté de rechercher, dans nos associations, la diversité au travers des recrutements non-discriminatoires et par une attention particulière dans la gestion des carrières. Je pense en effet que la diversité est un facteur de progrès pour nos médias. La diversité a un effet positif sur l'image de la radio vis-à-vis de ses auditeurs, et de ses partenaires ». Emmanuel Boutterin a déclaré lors de la signature de la Charte « la diversité interne conduit naturellement nos médias, dont le rôle sociétal est essentiel sur les terrioires et dans les quartiers urbains, à aborder la prévention des discriminations non pas comme une position de principe, mais comme une valeur ajoutée vécue au sein de l'entreprise et portée par nos équipes dans leur travail quotidien d'animation, de programmation et d'information »

Emmanuel Boutterin et Kag Sanoussi, Secrétaire Général de la Charte
Emmanuel Boutterin et Kag Sanoussi, Secrétaire Général de la Charte

Une Charte avec cinq axes de travail

Cette Charte, signée par plusieurs grandes entreprises du secteur privé, du secteur public et de l'économie sociale, met en avant des engagements internes en cinq points :

1. Sensibiliser et former les dirigeants et collaborateurs impliqués dans le recrutement, la formation et la gestion des carrières aux enjeux de la non-discrimination et de la diversité, c'est a dire les président(e)s et directeurs (trices) des radios ;

2. Respecter et promouvoir l'application du principe de non-discrimination sous toutes ses formes et dans toutes les étapes de gestion des ressources humaines que sont notamment l'embauche, la formation, l'avancement ou la promotion professionnelle des collaborateurs. Lers dirigeants des radios associatives sont invités à avoir une attitude pro-active en matière de progression de carrière, y compris pour les tache techniques et administratives. De ce point de vue, l'ORCEL fournira de précieux conseils.

3. Chercher à refléter la diversité de la société française et notamment sa diversité culturelle et ethnique dans l'effectif salarié des radios, aux différents niveaux de qualification ;

4. Communiquer auprès des salariés, collaborateurs et bénévoles notre engagement en faveur de la non-discrimination et de la diversité, et informer sur les résultats pratiques de cet engagement ;

5. Faire de l'élaboration et de la mise en œuvre de la politique de diversité un objet de dialogue social avec tous les salariés et avec les représentants du personnel le cas échéant.

Radios associatives : une responsabilité particulière

A la suite de cette signature, trois démarches doivent s'engager, selon Patrice Berger,

1 ) Encourager les radios à signer en tant que telles la Charte de la diversité, telles Vivre FM, ID FM et Radio Pluriel, et faire a terme de ces engagements un élément de valorisation au regard du Fonds de Soutien a l'Expression Radiophonique ; les radios rejoindront ainsi les quelques trois mille entreprises, petites et grandes, et fédérations professionnelles signataires

2) Animer le débat public, notamment a l'antenne, sur les pratiques de discrimination dans les entreprises et les moyens d'y remédier ; le Kit-entreprise de la Charte (que nous mettons ci-dessous à votre disposition) est un bon outil d'approche sur la prévention des discriminations et le cadre réglementaire qui a considérablement évolué ses dix dernières années ;

3) Affirmer dans les débats publics sur la diversité et sur les médias la présence au premier rang des radios associatives.

Geneviève Teyssier, Déléguée nationale au développement syndical et aux mandats territoriaux, avec Patrice Berger
Geneviève Teyssier, Déléguée nationale au développement syndical et aux mandats territoriaux, avec Patrice Berger

Les radios associatives oubliées par Yazid Sabeg !

Un rapport commandité par la Direction Générale des Médias et des Industries Culturelles a été remis au Commissaire à la Diversité et à l' Egalité des Chances, Yazid Sabeg. Patrice Bergé a soulevé le fait que, par extraordinaire, ce rapport ne fait nulle mention de l'engagement des radios associatives en faveur de la diversité, ni de leur rôle d'éducation populaire depuis quelques... 30 ans ! Pourtant, en 2005, Jean-Louis Borloo, Jean-François Lamour et Renaud Donnedieu de Vabres avaient, dans un accord Etat/SNRL marquant une réelle politique volontariste et harmonisée sur les emplois-aidés, souligné le caractère essentiel de ces entreprises de la radiodiffusion en faveur de la diversité !

Dans l’accord-cadre signé le 25 novembre 2005 avec le SNRL, les Ministres de l’Emploi de la Cohésion sociale et du Logement, de la Jeunesse, des Sports et de la Vie associative et de la Culture et de la Communication stipulent «Dans le champ de la communication audiovisuelle, le secteur associatif représente un potentiel de développement important d’activités et d’emplois nouveaux. De par leurs missions territoriales, leur cahier des charges, et leur fonction d’employeurs, les opérateurs locaux de radiodiffusion de catégorie A participent à une plus grande cohésion sociale, à l’information et à l’éducation des jeunes et des personnes en phase d’insertion et de réinsertion professionnelle ». N'est-ce pas là une reconnaissance essentielle du travail accompli ?

A l'occasion d'une manifestation organisée par Michel Boyon autour de la signature de la Charte par les grandes chaînes de télévision, le syndicat a saisit le Commissaire pour déplorer cette lacune. Il a rappellé de manière formelle, par une saisine écrite, le caractère pionnier des six cent radios associatives, de leur trois mille salariés et douze mille bénévoles en faveur d'une politique volontariste de cohésion sociale et de prévention des discriminations sur les territoires.

Le travail sur les discriminations impose une véritable mobilisation, à tous les niveaux du syndicat, notamment avec ses Délégués régionaux et avec la Déléguée nationale en charge des mandats syndicaux, Geneviève Teyssier. La lutte contre les discriminations est un travail individuel et collectif sur les "représentations" des personnes discriminées.

La meilleure des valeurs : les bonnes pratiques contre l'hypocrisie

La signature de la Charte contribue à rendre visible la radiodiffusion locale aux même titre que les grands médias, dont, faut-il le rappeler, les efforts sont bien timides (et bien tardifs !) en regard du travail quotidien de nos équipes qui méritent une reconnaissance renforcée de la puissance publique sur ces questions.

L'hypocrisie qui consiste pour les institutions, les entreprises, et notamment les médias, à afficher des "valeurs sociales et républicaines" tout en s'affranchissant des plus élémentaires obligations, est a combattre au même titre que les pratiques discriminatoires. Car c'est par cette hypocrisie que commence les comportements discriminants les plus insidieux envers les minorités visibles, les personnes handicapées et les femmes.